Envie de tout plaquer, à commencer par ma vie... Qui suis-je après tout pour avoir envie d'être acceptée telle que je suis? Oui, j'ai un caractère épouvantable... Je le sais! Mais je n'arrive pas à m'en défaire... Là est mon problème. Je suis sans aucun doute une enfant pourrie gâtée par la vie.

Fille unique, alors que ma mère était censée ne jamais avoir d'enfant, forcément, ça fait que j'ai toujours été surprotégée... Considérée comme une petite princesse par mes grands-parents paternels, ça n'a pas arrangé les choses... Alors oui, en tant que tel, j'ai randi dans une petite bulle. Enfin... Cette petite bulle a éclaté dès mon entrée au CP où j'ai commencé à me faire humilier quotidiennement... Une chaussure dans l'oeil? C'était pour moi... Et tout le monde se moquait... Nue devant tout le bahut? Moi encore, et plusieurs fois... Se faire marcher sur la tête (alors que j'avais 40° de fièvre?) c'était encore moi... Se faire traiter de tous les noms, c'était encore et toujours moi... Mais c'était aussi moi qui, humiliée, en larmes, ayant honte allait m'excuser d'avoir souffert et d'avoir pleuré, allant m'isoler sous les moqueries...

Envie de plaire, envie d'être acceptée malgré ce que les autres ressentaient... Mais ça n'a jamais marché... Au collège, encore, les garçons soulevaient les jupes... surtout les miennes d'ailleurs... C'était tellement plus marrant de soulever les jupes de celle qui n'avait aucun véritable ami... Dont les seuls "copains" étaient des gens qui se servaient d'elle pour se sentir plus importants, plus forts qu'ils ne l'étaient réellement... C'était tellement plus amusant de se moquer de celle qui n'avait pas confiance en elle... Mais ils ne faisaient pas que me soulever les jupes... Ils me tripotaient... Et pourquoi? Parce que des le CM2 j'avais commencé à prendre l'apparence d'une femme en miniature... En 6e, j'en avais toutes les caractéristiques... Et oui... C'est dur d'être une petite femme au collège quand toutes vos camarades de classe ne sont encore que des enfants... Encore, si je m'étais acceptée, si j'avais eu confiance en moi, cela auraient pu être des années riches en expériences...

Mais non... Ces années ont encore augmenté mon mal-être, me faisant pleurer tous les jours. Et mes parents ne comprenaient pas... Ma seule échappatoire, le seul moment où je parvenais à oublier tout ça, c'était quand je faisais du cheval... c'était quand j'étais "moi"... Je n'ai jamais été moi dans d'autres moments que ceux où j'étais en compagnie des chevaux... Dans ces moments-là, seulement, je m'épanouissais... Là et quand j'étais chez ma cousine, dans mon petit coin de paradis...

Longtemps, je n'ai pas pu parler à un seul garçon... Cela a changé, un jour, mais les moqueries n'ont pas cessées... Elles n'ont cessé que lorsque j'ai eu 17 ans... Quand ils ont vu quelqu'un qui aujourd'hui est mon ex... 20 ans, musclé, une voiture, fier, beau, ils n'ont pas compris comment une fille comme moi pouvait sortir avec un garçon comme lui, ou plutôt, comment un garçon comme lui pouvait s'intéresser à une fille comme moi... Je ne le méritais pas, se disaient-ils. Mais devant moi, ils ne disaient rien. Dans mon dos, pourtant, les rumeurs allaient bon train. Mais je ne l'ai su que récemment. Pour être avec un tel garçon, je devais certainement être une "fille facile"... Laissez-moi rire... Il ne m'a pas eue...

Et puis j'ai quitté cet établissement dans lequel j'avais passé les pires années de ma vie... Et j'ai cru que ma vie allait repartir... Cela fait 4 ans à présent (enfin presque...) que j'ai voulu tirer une croix sur ce passé, que j'ai essayé de me reconstruire. Mais à chaque coup de blues, je replonge...

En fait, dans... 4 jours, cela fera 4 ans que... Que j'aurais pu être avec celui qui m'a libérée des humiliations... Celles-ci n'étaient plus que des rumeurs... Mais voila... Si je suis sortie avec lui, cela s'est arrêté... Pourquoi? A cause de mes parents... Et je le regrette... J'ai voulu croire que c'était mieux, j'ai voulu l'oublier. J'y suis un temps parvenue, masi je finis toujours par eplonger...

Aujourd'hui je puis le dire, je suis toujours cette petite fille de 6 ans qui pour la première fois s'est fait humilier... Je suis toujours cette fille de 17 ans qui a voulu croire que l'amour pouvait la sauver... Alors voila... Aujourd'hui, l'envie me reprend, comme pendant toutes ces années de dire STOP à cette vie...

J'ai voulu renier mon passé, me reconstruire, je n'y suis pas parvenue... Mon passé, tel un fantome, me hante quand je m'y attends le moins...